La coupe du monde de football 1958 disputée en Suède aura vu la naissance
d'un futur prodige du ballon rond Pelé.
C'est aussi la victoire du Brésil, peut-être la plus belle équipe de tous
les temps.
Durant cette compétition la France emmené par Raymond Kopa, inscrira grâce
à son buteur Just Fontaine un record de buts en coupe du monde, encore
d'actualité.
Lorsque le mardi 20 mai, très élégants dans leurs vestons bleu roi taillés
spécialement pour l'occasion, les Tricolores mettent pied sur l'aérodrome
de Bromma un journaliste écrit "qu'étant appelée à repartir la première,
l'équipe de France avait voulu être à pied d'oeuvre avant les autres ".
Quand nous disons que la belle aventure a commencé avec des mots aigres
!
C'est peut-être ce sentiment de scepticisme répandu dans l'opinion publique,
et les critiques précèdentes qui n'avaient pas été ménagées, qui provoquèrent
au sein de la délégation tricolore une réaction de fierté.
"Ah ! vous ne croyez pas en nous. Vous allez voir ce que vous allez
voir !" semblaient dire les Tricolores.
Le puzzle magique se met alors en place. Paul Nicolas a retenu 22 joueurs
Le sélectionneur a eu, avec chacun des joueurs, un entretien "de motivation".
Ancien international des années 20, il est bien placé pour savoir que la
cohabitation de 22 hommes durant plusieurs semaines, est un équilibre difficile
: que certains seront déçus de ne pas jouer ; et qu'il faut, en tout état
de cause, préserver l'avenir.
A ce moment-là déjà, l'histoire s'écrit. Just Fontaine révèlera plus tard
que Paul Nicolas lui avait promis la place de titulaire en Suède, au côté
de Kopa, alors que René Bliard croyait en sa propre étoile.
Le sort règlera le délicat problème sous la forme d'une sérieuse blessure
à la cheville de Bliard au cours du stage préparatoire de Kopparberg. Le
Rémois sera remplacé par le Monégasque Raymond Bellot.
Kopparberg, comme Finnspang qui abritera également la délégation tricolore,
est une petite ville suédoise propre comme un sou neuf, tranquille et heureuse
qui vit entourée de lacs et de bois.
C'est là, qu'Albert Batteux entraîneur du grand Reims, assisté de Jean
Snella va réussir l'une des plus belles entreprises de persuasion de sa
carrière.
Il sent l'un des premiers que l'aventure est au bout du chemin.
Il a déjà réussi quelques coups fameux avec l'équipe de France, de Madrid
1956 (victoire 2-1) à la qualification 1958 en passant par une victoire
sur l'Angleterre, un match nul à Moscou, des victoires sur l'U.R.S.S..,
la Belgique (5 buts de Cisowski) le Portugal,. Il sait mieux que personne,
trouver les mots qui touchent et enflamment.
En arrivant à Kopparberg, il dit à ses vingt-deux guerriers : "la
fatigue n'est que psychologique. Reposez-vous pendant trois jours et nous
réattaquerons comme pour un début de saison".
Alors, le miracle - mais en est-ce un ? - se produit. Dans l'air vivifiant
de Scandinavie, nos joueurs se forgent un moral à toute épreuve, une forme
physique irréprochable et une âme collective exemplaire. Cet ensemble de
joueurs qui - à l'exception de Kopa - n'avaient constitué durant toute
la saison que des formations sans caractère et sans talent, devient une
équipe au sens propre du terme, une équipe fraîche, joyeuse, enthousiaste,
une équipe qui va démontrer au monde ce qu'est vraiment le "jeu à
la française" quand son intelligence et sa spontanéité trouvent leur
véritable expression.
Après presque trois semaines de préparation (19 jours) il est temps que
la fête commence pour les Tricolores et qu'explosent enfin les énergies
accumulées, les espoirs fous, les talents retenus. Ce sont les Paraguayens
qui vont faire les frais de l'explosion dans un premier match dont dépend
la carrière des Français en Coupe du monde. Un échec ou demi-échec, eut
sans doute tout remis en question, dans la mesure où les Tricolores attendaient
ce test avec ferveur. Et c'est dans le beau résultat (7-3, 3 buts de Fontaine)
que l'équipe de France va prendre son formidable envol.
Pourtant, cette victoire n'est pas acquise si aisément. L'équipe paraguayenne
est un adversaire courageux et impétueux, qui conteste pied à pied l'indiscutable
supériorité tricolore. C'est elle qui ouvre le score sur un terrible coup
franc d'Amarilla (18e) et qui égalise à 2-2 avant la mi-temps alors que
Just Fontaine, déjà, a planté deux banderilles décisives (25e et 30e) C'est
encore elle qui marque la première un troisième but , soulignant la relative
faiblesse défensive de notre équipe. Mais à 2-3, l'équipe de France s'enflamme,
marquant quatre buts magnifiques en 19 minutes par Piantoni, Fontaine,
Wisnieski, Kopa et en ajoutant un septième , 7 minutes avant la fin.
Dans le soir tombant, plusieurs dizaines de supporters français exultent
courent sur le terrain et portent en triomphe les héros du jour. L'équipe
de France a pris un superbe départ et en se libérant de ses craintes, affermi
son ambition. La voici mûre pour les grandes conquêtes.
Le même jour de l'ouverture, l'équipe d'Allemagne a balayé l'Argentine
à Malmoe (3-1) grâce à deux buts de Rahn et malgré un coup dur au départ
(but de Corbatta d'entrée). Dans notre groupe, à Vaesteras, la Yougoslavie
a perdu un point devant d'Ecosse (1-1).
A Stockholm, devant son public, la Suède a bien commencé avec sa légion
de joueurs émigrés, devant le Mexique (3-0) tandis que dans le même groupe
la Hongrie décapitée est tenue en échec par le Pays de Galles (but de John
Charles).
Mais c'est dans le groupe 4 qu'ont lieu les chocs les plus importants.
L'Angleterre de Billy Wright, Haynes et Finney est menée 2-0 par l'U.R.S.S.
Avec son énergie légendaire, elle revient à 2-2 mais elle a fait la démonstration
de ses limites. "Il semble bien que même avec les trois grands disparus
de Manchester United, Edwards, Taylor et Byrne, l'Angleterre n'aurait pas
réussi", écrit-on. Il est vrai que Lofthouse et Bobby Charlton n'ont
pas été retenus".
Le Brésil qui n'a pas encore trouvé sa formule définitive (il joue avec
De Sordi, Dino, Joël, Mazzola le futur Altafini et Dida). écarte l'Autriche
3-0 ; Nilton Santos son arrière gauche a marqué le dernier but.
On pouvait prévoir que le deuxième match des Tricolores serait beaucoup
plus difficile que le premier. On connait de longue date les Yougoslaves,
magnifiquement doués pour le football, ardents, adroits et passionnés,
auxquels il ne manque qu'une petite étincelle pour être les égaux des plus
grands. Ils nous ont éliminés à Lausanne en juin 1954, comme ils l'avaient
déjà fait à Florence en décembre 1949.
A Vaesteras, le 11 juin sur un petit stade champêtre, l'équipe de France
a légèrement remanié sa formation, Marcel étant blessé à l'épaule; Marche
fait sa rentrée à l'arrière gauche et Lerond devient demi-gauche.
Fontaine fait sa rentrée à l'arrière gauche et Lerond devient demi gauche.
Fontaine jambes truffées de coups (souvenir des Paraguayens) n'aurait pas
laissé sa place pour un empire. Il a bien raison puisqu'il marque deux
nouveaux buts (3+2=5) ; le premier sur un tir canon à la 4e minute en reprise
d'un centre en retrait de Piantoni : le second à la 86e sur une longue
ouverture de Kaelbel, une course solitaire et un lob très adroit au-dessus
du gardien Beara sorti à sa rencontre.
Fontaine, grâce à cet exploit, vient d'égaliser à 2-2. Chaque Français
présent pousse un soupir de soulagement car notre sélection, magnifique
d'entrain et de vaillance ne méritait pas d'être dominée à la marque alors
qu'elle dominait si bien sur le terrain. Les Tricolores eux-mêmes, tellement
exaltés et désireux d'arracher la victoire , ne songent pas à préserver
l'essentiel. C'est Veselinovic, sur un contre astucieux, qui fait sombrer
nos espoirs en battant Remetter pour la troisième fois.
En dépit des trésors de vaillance déployés par les Français, leur domination
dans le jeu, leur attaque pétillante, on constate que leur défense n'est
pas tout à fait à la hauteur des événements : 6 buts encaissés en deux
matches contre neuf marqués.
Il faut donc absolument que l'équipe de France gagne son troisième match
de poule pour se qualifier aux quarts de finale.
Le 15 juin à Oerebro, avec Abbès dans les buts, Marcel guéri et Lerond
arrière gauche, les Ecossais ne sont pas des adversaires commodes. Ils
ne le sont jamais, il est vrai. Kopa ouvre le score de volée dès la 21e
minute à la suite d'une action Piantoni-Fontaine. Dix minutes après, le
duo Jonquet- Penverne "frotte" un peu trop l'Ecossais Baird,
et l'arbitre argentin accorde un penalty que l'arrière Hewie, fort heureusement,
tire sur un poteau.
A la mi-temps après que Fontaine ait marqué en force son sixième but du
tournoi, et que la France mène 2-0, on se dit que les dieux de la chance
ont rendu aux Tricolores ce qu'ils leurs avaient pris contre les Yougoslaves.
La suite sera crispante, Fontaine tirant sur la barre (52e) Baird réduisant
le socre (67e) et la défense tricolore tirant le rideau pour conserver
sa victoire. Ce qu'elle fera, remportant même (au goal-average), la première
place de sa poule . Car les Yougoslave ont été tenus en échec par les Paraguayens
à Eskiltuna.
Le autres équipes qualifiées pour les quarts de finale, entre la Fance
et la Yougoslavie, sont l'Allemagne et l'Irlande du Nord (match d'appui
contre la Tchécoslovaquie), la Suède et le Pays de Galles (match d'appui
contre la Hongrie) le Brésil, et l'U.R.S.S. (match d'appui contre l'Angleterre).
La Suède avec ses six professionnels exilés (Gustavsson, Liedholm, Hamrim,
Skoglund, Gren, Mellberg), dans une ambiance très protégée, a fait bonne
impression : à son rythme, relativement lent, elle ne manque pas de valeur.
L'Allemagne, après un premier match remarquable contre l'Argentine, a décliné
: elle est tenue en échec par la Tchécoslovaquie et l'Irlande, Fritz Walter
est encore excellent mais il a 37 ans.
Le Brésil après avoir battu d'entrée l'Autriche (3-0) a été tenu en échec
par l'Angleterre (0-0) à la surprise générale. Gabriel Hanot écirt que
"peu habitués aux charges et aux chocs, les Brésiliens firent penser
ce jour-là à un chat dégoûté parce qu'il se mouille les pattes".
Pour le troisième match contre l'U.R.S.S. la Commission technique brésilienne
modifie l'équipe en faisant rentrer enfin Garrincha (bien supérieur à Joël),
Pelé (qui a 17ans) et Zito au milieu du terrain (à la place de Dino)),
Garrincha explose dès le début du match et terrasse à lui seul l'U.R.S.S.
qui perd toute confiance en elle.
A la suite de ce résultat, le Brésil prend publiquement figure de favori.
Pourtant, en quart de finale à Goeteborg, le 19 juin, les Brésiliens connaissent
mille tourments pour éliminer le Pays de Galles qui a dû jouer deux jours
auparavant un match d'appui et qui est privé de sa grande vedette John
Charles.
De nouveau, le Brésil, trop confiant en sa valeur est surpris. Vava, blessé
à une cheville, manque beaucoup. Il faut que Pelé accomplisse un exploit
de première grandeur pour délivrer son équipe des affres du doute (66e).Recevant
la balle dos au but, il la fait passer au rebond par-dessus son adversaire,
pivote et avec la promptitude d'un félin, la propulse dans le filets avant
que le gardien Kelsey intervienne.
A Stockholm, contre une équipe d'U.R.S.S. amoindrie par ses deux matches
contre l'Angleterre, débutante à l'échelon international, et manquant nettement
d'imagination, la Suède contrôle plus ou moins bien la situation en première
mi-temps, avant d'imposer sa loi en deuxième grâce à Hamrim (49e minute)
et Simonsson (88e).
A Malmoë, où des milliers de supporters n'avaient qu'à prendre le ferry-boat
de Hambourg pour venir soutenir leur équipe, l'Allemagne laisse la Yougoslavie
(privée de Beara et Sekularc) faire le jeu, lui inflige un but-massue l'inévitable
Rahn à la 12e minute) et profite de la mansuétude de l'arbitre suisse M.
Wyssling qui omet de siffler un penalty indiscutable pour faute d'Erhardt
sur Milutinovic. Elle gagne ainsi 1-0, mais malgré quelques banderoles
orgueilleuses - "nous faisons le serment que la Coupe du Monde restera
allemande" - la preuve est faite que l'Allemagne n'est pas de taille
à conserver le trophée conquis en 1954 à Berne.
C'est pourtant vers Norrkoeping qu'à l'heure de ces quarts de finale, les
oreilles et les yeux français sont tournés.
L'équipe de France avait eu la chance de bénéficier de quatre jours de
pleine détente à Finnspang, au cadre enchanteur situé à 30 km seulement
de Norrkoeping, tandis que son futur adversaire irlandais devait batailler
pendant 120 minutes pour se qualifier, deux jours seulement avant le quart
de finale et faire 600 kilomètres en autocar depuis Malmoe, la veille de
la rencontre. Il y avait là, indiscutablement, un ensemble de circonstances
favorables, d'autant plus que l'équipe de France s'épanouissait à vue d'oeil.
Raymond Kopa, habité par le doute au début de la compétition, est entré
totalement dans la peau du meilleur maître à jouer de la Coupe du Monde
1958. Son président Santiago Bernabeu l'a d'ailleurs dit en allant en Suède
:Je ramènerai avec moi le meilleur joueur de l'épreuve." Ce fut Kopa
que... le Real possédait déjà.
Just Fontaine, premier buteur du championnat avec 34 buts en 26 matches
est habité par une foi ardente. Il est en outre en merveilleuse condition
physique , peut-être par qu'une opération du ménisque l'avait immobilisé
de début décembre à mi-janvier, loin des terrains lourds.
Et Roger Piantoni est la troisième perle de la couronne, malgré une pointe
d'appendice qui le tenaille et va, un peu plus tard, l'oblige à manquer
le match de classement contre l'Allemagne.
Sous un ciel gris et par temps frais, les Irlandais tiennent une mi-temps
ou presque. Leur gardien Harry Gregg, (rescapé de Munich) et les choeurs
de leurs supporters ("When Irish eyes are smiling..." ;lorsque
sourient les yeux irlandais), les aident à tenir les Tricolores, en échec.
Heureusement Wisniesk éteint les doutes en marquant à la 44e minute un
but foudroyant, après avoir dribblé quatre adversaires. C'est la fin des
Irlandais acculés dans les cordes comme un boxeur sonné dès que Fontaine,
de la tête, inscrit à la 56e minute son septième but du tournoi.
Fontaine encore, Pinatoni enfin, concrétisent domination écrasante, un
extraordinaire festival offensif que 15 000 spectateurs seulement admirent
mais que plusieurs observateurs étrangers vont rapporter. "Vive la
France !" écrit la "Svenska Dagbladet" qui ajoute : "il
faut remonter très loin dans l'histoire du football suédois pour retrouver
le souvenir d'une équipe aussi élégante que celle des Français, ces Français
qui s'étonnent eux-mêmes et sont bien capables de gagner la Coupe du Monde
!"
Le Coupe du Monde, l'équipe de France, ne la gagnera tout de même pas mais
elle a conquis le coeurs. Le Daily Express" anglais n'écrit-il pas
que "la consolation des Irlandais est d'avoir battus par la meilleure
équipe du tournoi mondial... ?"
C'est le grand Brésil que Kopa et ses camarades doivent affronter le 24juin
à Stockholm, cinq jours après leur victoire sur l'Irlande. Les Tricolores
passent les deux derniers jours avant l'affrontement à Saltjobaden, station
de plaisance réputée située sur le bras de la Baltique, à 20km de Stockholm.
Kopa déclare : "Maintenant nous pouvons perdre et c'est pour cela
que nous gagnerons !"
L'enthousiasme est à son comble en France. Un avion est réservé par "L'Equipe"
et Europe n° 1pour amener en Suède les épouses et parents des joueurs.
On épiloguera longtemps sur l'opportunité d'une telle initiative qui peut
laisser croire à une certaine déconcentration.
En fait, l'équipe de France va rencontrer ceux que l'on considère comme
des phénomènes qui le sont physiquement et techniquement et qui bénéficient
en outre d'une préparation modèle. Avant de venir en Europe, tous les joueurs
brésiliens ont subi un examen médical devant une "junta Medica",
de vingt-six spécialistes : rayon X, analyses de laboratoire, biométrie,
examen général, examen clinique, coeur, circulation périphérique, muscles,
os et articulations, dermatologie, oto-rhino-laryngologie, endocrinologie,
appareil respiratoire, ophtalmologie, psychotechnique, odotontologie.
C'est un tournant décisif dans l'évolution sportive du Brésil.
Sur le terrain, le Brésil fait sensation avec une organisation de jeu expérimentée
en 1956, appliquée dans la majorité de ses grands clubs, et qui va faire
de nombreux émules : 4-2-4.
Comme il possède également deux phénomènes (Garrincha et Pelé) qui s'ajoutent
aux excellents joueurs que sont notamment Gilmar, Didi, Zito, les deux
Santos (qui ne sont pas frères) Zagalo, etc...la tâche française s'annonce
difficile.
Elle l'est d'autant plus qu'en ce jour de 24 juin à Stockholm, le Brésil
joue son meilleur match du tournoi et s'élève vers des sommets inaccessibles
au commun des mortels, sur le plan défensif notamment. En outre, un drame
- la blessure de Jonquet à la 34e minute dans un choc avec Vava - va obliger
l'équipe de France à jouer à dix et on peut regretter aujourd'hui que le
règlement n'ait pas autorisé à l'époque le remplacement d'un joueur blessé,
surtout en demi-finale de Coupe du Monde.
Au moment de la blessure de Jonquet, l'équipe de France n'est pas encore
battue malgré le but de Vava marqué dès la 2e minute sur une pase de Jonquet
à Lerond interceptée.
Car Fontaine le superbe a aussitôt marqué un but d'anthologie, le premier
concédé par Gilmar. Et quand Didi, d'un tir très pur et fulgurant a marqué
de 25 m Jonquet se faisait masser sa fracture sur la touche.
Le belle histoire est finie. Avec dix homme valides il n'est plus question
de battre les invincibles. Les attaquants tricolores viennent au secours
de leurs camarades défenseurs et les Brésiliens qui craignent la pétillante
attaque française peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
De 2-1 le score monte à 5-1
par la grâce de celui qui va devenir le meilleur joueur du monde, Edmondo
Arantes do nascimento surnommé Pelé : 5"e, 64e, et 76e minutes.
Et si Piantoni adoucit la note (83e) la déception française est tout de
même assez vive, teintée d'injustice et de regret, tandis que la foule
du Rasunda Stadion explose de joie parce que la Suède à Goeteborg, marque
par Hamrin son troisième but contre l'Allemagne (3-1) et se qualifie pour
la finale.
Avant le match de classement contre l'Allemagne, Just Fontaine se fait
auprès de Paul Nicolas, l'interprète des réservistes qui désiraient jouer
au moins un match. Le sélectionneur met les choses au point :" il
n'en est pas question. Nous alignerons la meilleure équipe possible parce
que je vous le rappelle, seuls les noms des trois premiers figurent sur
le socle..." Et si Lafont et Douis font leur entrée, c'est en raison
de la blessure de Jonquet et de l'appendicite de Piantoni.
L'équipe de France ne manquera pas son couronnement le 28 juin à Goeteborg
et réalisera l'exacte synthèse de son comportement durant le tournoi .
Ayant retrouvé le secret de ses envolées irrésistibles, elle marque six
buts et en encaisse trois, illustrant son euphorie offensive tout autant
que sa fragilité défensive.
Et elle a la joie de mener à la gloire Justo Fontaine auteur de 4 nouveaux
buts et sacré meilleur canonnier de l'épreuve et de l'histoire avec 13
buts .
L'équipe de France n'a plus rien à regretter.
Vingt-quatre heures plus tard, les Tricolores assistent dans la tribune
du Rasunda Stadion au ballet des démons en maillots verts contre les Suédois
remis à leur vrai place. A onze, ceux-ci ne réussissent pas à faire mieux que les Français concèdent
le même score de 5-2. Ce qui fait plaisamment dire à Jonquet : "Ainsi, l'honneur est sauf
sur toute la ligne ".
Le football brésilien, si fort, si chatoyant passé si près du couronnement
en 1950 sur son sol, est enfin sacré champion du monde. Comme l'écrit Gabriel
Hanot, en insistant sur les efforts de sang-froid faits sur eux-mêmes,
les Brésiliens sont "les Don Juan repentis du football".
8 juin 1958 à Norrkoping FRANCE - PARAGUAY : 7-3 (2-2)
Détail du match
16 500 spectateurs/Arbitre : M. Gardeazabal (Espagne).
Buts : Fontaine (25e, 30e, 68e), Piantoni (51e), Wisnieski (62e), Kopa
(70e), Vincent (84e) pour la France; Amarilla (21e, 43e s.p.), Romero (50e)
pour le Paraguay
FRANCE : Remetter - Kaelbel, Jonquet, Lerond, Penverne, Marcel, Wisnieski,
Fontaine, Kopa, Piantoni, Vincent.
PARAGUAY : Mageregger - Arevalo, Lezcano, Miranda, Achucarro, Villalba,
Aguero, Parodi, Romero, Re, Amarilla.
11 juin 1958 à Vasteras YOUGOSLAVIE - FRANCE : 3-2 (1-1)
Détail du match avec vidéo
12 000 spectateurs/Arbitre : M. Griffiths (Galles).
Buts : Petakovic (16e), Veselinovic (63e, 87e) pour la Yougoslavie; Fontaine
(5e, 85e) pour la France
YOUGOSLAVIE : Beara - Tomic, Zebec, Crnkovic, Krstic, Boskov, Petakovic,
Veselinovic, Milutinovic, Sekularac, Rajkov
FRANCE : Remetter - Kaelbel, Jonquet, Marche, Penverne, Lerond, Wisnieski,
Fontaine, Kopa, Piantoni, Vincent
14 juin 1958 à Örebro FRANCE - ECOSSE : 2-1 (2-0)
Détail du match avec vidéo
13 550 spectateurs/Arbitre : M. Brozzi (Argentine).
Buts : Kopa (22e), Fontaine (45e) pour la France; Baird (66e) pour l'Ecosse
FRANCE : Abbes - Kaelbel, Jonquet, Lerond, Penverne, Marcel, Wisnieski,
Fontaine, Kopa, Piantoni, Vincent
ECOSSE : Brown - Caldow, Evans, Hewie, Turnbull, Mackay, Collins, Murray,
Mudie, Baird, Imlach
QUART DE FINALE
19 juin 1958 à Norrköping FRANCE - IRLANDE DU NORD : 4-0 (1-0)
Détail du match avec vidéo
11 800 spectateurs/Arbitre : M. Gardeazabal (Espagne).
Buts : Wisnieski (44e), Fontaine (56e, 64e), Piantoni (68e) pour la France.
FRANCE : Abbes - Kaelbel, Lerond, Penverne - Jonquet, Marcel - Wisnieski,
Fontaine, Kopa, Piantoni, Vincent.
IRLANDE DU NORD : Gregg - Keith, McMichael, Blanchflower, Cunningham, Cush,
Bingham, Casey, Scott, McIlroy, McParland.
DEMI-FINALE
24 juin 1958 à Stockholm BRESIL - FRANCE : 5-2 (2-1)
Détail du match avec vidéo
27 100 spectateurs/Arbitre : M. Griffiths (Galles).
Buts : Vava (2e), Didi (39e), Pelé (52e, 64e, 75e) pour le Brésil. Fontaine
(9e), Piantoni (82e) pour la France.
BRESIL : Gilmar - de Sordi, N. Santos, Zito, Bellini, Orlando, Garrincha,
Didi, Vava, Pelé, Zagallo.
FRANCE : Abbès - Kaelbel, Lerond, Penverne - Jonquet, Marcel - Wisnieski,
Fontaine, Kopa, Piantoni, Vincent.
MATCH DE CLASSEMENT
28 juin 1958 à Göteborg FRANCE - RF ALLEMAGNE : 6-3 (3-1)
Détail du match avec vidéo
20 000 spectateurs/Arbitre : M. Brozzi (Argentine).
Buts : Fontaine (15e, 36e, 77e, 89e), Kopa (27e s.p.), Douis (50e) pour
la France. Cieslarczyk (17e), Rahn (52e), Schäfer (83e) pour la France.
FRANCE : Abbes - Kaelbel, Lafont, Lerond - Penverne, Marcel - Wisnieski,
Douis, Kopa, Fontaine, Vincent. Entr. : Batteux.
RF ALLEMAGNE : Kwiatkowski - Stollenwerk, Erhardt, Schnellinger, Wewers,
Szymaniak, Rahn, Sturm, Kelbassa, Schäfer, Cieslarczyk. Entr. : Herberger